QUI ES-TU ?
Bonjour, je m'appelle Valentine et je suis la fondatrice de Waste Paris. Styliste depuis plus de 12 ans dans l'industrie du prêt-à-porter féminin, j'ai lancé Waste Paris, il y a environ 6 ou 7 mois, en octobre 2023.
COMMENT T’EST VENUE L’IDÉE D’ENTREPRENDRE ET DE CRÉER WASTE PARIS ?
Étant styliste depuis 12 ans dans l'industrie de la mode, j'ai réalisé qu'il y avait un véritable problème. J'ai eu une prise de conscience après un certain temps : il n'était plus possible de continuer comme cela. Les personnes extérieures à l'industrie ne voient pas ce qui se passe, mais les stylistes, directeurs artistiques et autres professionnels génèrent énormément de gaspillage. Ils commandent beaucoup de tissus qu'ils n'utilisent pas et développent de nombreux prototypes qui ne sont finalement jamais réalisés. Il y a un véritable gaspillage en interne.
Un jour, j'étais dans une salle remplie de rouleaux de tissus abandonnés et inutilisés, et je me suis dit qu'il fallait faire quelque chose avec tout ce matériel. C'était ridicule de le laisser ainsi. C'est alors que le nom Waste est devenu évident.
J'ai décidé de lancer Waste Paris en me disant que je voulais créer ma propre marque, une marque qui essaie vraiment de faire mieux, de proposer quelque chose de réellement responsable. En étant à l'intérieur de l'industrie, je sais que, malgré les beaux discours des marques, la réalité est souvent moins reluisante. Je veux faire mieux.
QUI/QU’EST-CE QUI T’INSPIRE AUJOURDHUI ?
Il y a beaucoup de choses qui m'inspirent. Honnêtement, je m'inspire de tout. Je me nourris énormément d'images et de ce que je vois dans la rue.
Ma première source d'inspiration, ce sont tout simplement les femmes. Je les observe beaucoup, je regarde comment elles s'habillent, ce qu'elles portent, leur attitude, leur style. Certaines femmes ont des allures incroyables, et cela m'inspire énormément.
Ensuite, il y a les images que je collecte partout. Je passe ma vie à faire des captures d'écran sur Instagram et Pinterest. Des tableaux Pinterest, j'en ai à perte de vue. Je passe aussi beaucoup de temps à feuilleter des livres d'art.
Parfois, l'inspiration vient de choses simples, comme un panneau déchiré dans la rue avec des couleurs intéressantes. Je prends une photo et je la garde pour une utilisation future, ou pas du tout. Les inspirations viennent vraiment de partout.
Pour Waste Paris, notre vestiaire est assez androgyne. J'ai toujours aimé jouer sur l'ambiguïté masculin-féminin. Nos coupes sont souvent oversize et nous nous inspirons beaucoup du vestiaire masculin, notamment du workwear, avec des éléments comme les poches cargo. Mixer ces deux univers est une véritable source d'inspiration pour moi.
AS-TU RENCONTRÉ DES OBSTACLES À LA CRÉATION DE WASTE PARIS ?
Oui ! Créer une marque n'est pas simple du tout. C'est vraiment compliqué, même si j'avais un peu de chance de mon côté en étant déjà dans l'industrie et ne partant donc pas de zéro.
Mais créer une marque ne se résume pas à la création et du style, loin de là, cela représente à peine 5 % du travail. Le reste du temps, il s'agit de gérer une entreprise, de superviser la production, et d'accomplir de nombreuses autres tâches. Il faut être polyvalent.
Surtout, au début, quand on est seul, sans une équipe derrière nous pour prendre en charge tous les aspects. Les difficultés résident vraiment là. Ensuite, il y a les défis liés à notre volonté de faire mieux avec Waste Paris : comment réduire la pollution, limiter les retours avec DHL, trouver des alternatives aux polybags qui sont en plastique.
C'est résoudre plein de petits problèmes au quotidien, et on se confronte parfois à des obstacles. Par exemple, quand on est une petite marque, et ça, c'est un vrai problème, les usines nous demandent de grosses quantités. Nous produisons de petites séries, ce qui nous oblige à payer des surcharges. En fait, quand on démarre, tout est multiplié par deux ou trois en termes de prix, tout est compliqué. Ce n'est pas simple du tout !
UN CONSEIL POUR CEUX QUI VOUDRAIENT SE LANCER ?
Il faut être conscient qu'il y a beaucoup de choses à gérer, et que ce n'est pas simplement une question de création de beaux vêtements et de belles photos. Malheureusement, il y a beaucoup d'autres aspects à prendre en compte. Il faut être préparé pour cela, mais aussi ne pas se décourager. Il faut se lancer sans avoir peur. C'est le seul conseil que je peux donner à tout le monde : il faut essayer, c'est ainsi qu'on peut vraiment savoir.
COMMENT CONSTRUIS-TU UNE NOUVELLE COLLECTION ?
Habituellement, quand on est styliste, on commence par un mood-board avec des inspirations, puis on recherche les tissus, etc.
Ici, c'est un peu différent car nous travaillons uniquement avec des stocks dormants. Donc je commence par le tissu. C'est lui qui va créer l'ambiance de la collection.
Ensuite, j'ai des envies. Par exemple, cet été, j'avais envie de nouvelles robes, de nouvelles formes, donc je savais à peu près ce que je voulais. Mais ensuite, c'est un peu au petit bonheur la chance de ce que nous trouvons en termes de tissu.
ET DEMAIN ?
Alors demain, on a plein de projets pour Waste Paris. En tout cas, on a beaucoup d'ambitions. Maintenant, on sait que les choses prennent du temps. Quand on est une jeune marque, il faut être patient pour se faire connaître, etc.
Mais dans notre horizon 2025, ce serait une petite levée de fonds pour pouvoir continuer Waste Paris tout simplement, des nouveaux drops réguliers. Nous espérons également pour 2025 l'ouverture d'un showroom. Cela permettra d'accueillir des clients qui pourront venir essayer nos pièces et que nous pourrons rencontrer également. Et pour horizon 2027, l'ouverture d'une boutique à Paris !
Retrouvez la marque Waste Paris sur leur e-shop https://waste.paris/